L’Équipe Nationale de Sami Trabelsi n’a plus son sort entre ses mains, à la suite de ce match nul (0-0) face à la sélection du Malawi. Une victoire de cette dernière dans les terres tchadiennes à la prochaine (et ultime) journée éliminera définitivement les tunisiens de la prochaine CAN 2012.
Une déception de plus pour ce « pauvre » football tunisien. Encore des regrets ! Que des regrets. Quand on se rappelle comment ont été gérés les matchs disputés face au Malawi et au Botswana à Tunis, l’on comprend que la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui n’est qu’une conséquence des plus logiques de nos débâcles d’hier.
Mais ces déroutes, ces aberrations, ces erreurs du passé proche, Sami Trabelsi en était averti. Il savait que sa mission n’était pas évidente, et que les risques étaient beaucoup plus importants que les opportunités. Il a pourtant accepté, et il a promis d’assumer.
Or, la déception de ce match nul face au Malawi, quasi éliminatoire, est entre autre le résultat de choix bizarres du jeune coach Sami Trabelsi. Des choix qui, à notre avis, ont compliqué la tâche des coéquipiers de Sami Allagui, alors qu’on s’attendait à une bouffée d’oxygène venue du banc pour booster l’EN. Mais avant d’arriver à ces 25 dernières minutes de ce « non-match », commençons d’abord par le commencement :
L’absence de trois joueurs clés
Darragi, Msakni et Korbi. Excusez du peu ! Trois joueurs, absents pour cause de suspension. Leur ombre planait aujourd’hui sur le stade de Blantyre.
Darragi, avec sa touche technique hors-pair, sa dernière passe décisive, et surtout sa présence dans la surface de réparation, a beaucoup manqué à Dhaouadi et Allagui aujourd’hui, qui, à chaque accélération sur leurs côtés (et elles étaient peu nombreuses), centraient pour un Issam Jemâa complètement isolé, et seul dans la surface d’exécution.
Msakni avec sa percussion, ses relances précises et intelligentes, aurait pu alimenter Jemâa et Allagui par des balles propres. Ses chevauchées sur le côté gauche, conclues par des passes en retrait, en pleine surface, nous ont considérablement manquées aussi.
Et puis Korbi, aussi, avait son mot à dire dans ce match, surtout lorsqu’on se rend compte que son remplaçant n’est autre que Ragued. Certes, il a été généreux dans l’effort, il a tout fait pour former un véritable écran devant la défense tunisienne, mais hélas, il n’a pas les ressources techniques de Korbi pour relancer avec un minimum de « propreté » technique. Il a réussi certes à couper plusieurs actions, mais en relance, le nombre de ballons que l’EN a perdu à cause de ces dégagements systématiques nous ont beaucoup nui.
Trabelsi était privé de trois éléments essentiels. Sa mission était déjà difficile, et il n’avait donc pas le droit à l’erreur. Et pourtant…
Le plan de match de Sami Trabelsi
Seule la victoire comptait aujourd’hui. Certes, le 3-3 nous seyait, mais nul entraineur au Monde ne peut préparer une stratégie pour un tel score. Il fallait gagner à Blantyre, point barre. L’on s’attendait à une formation offensive, nous l’avions eue, et l’on ne pouvait avoir mieux, à notre avis, avec les absences citées ci-haut. Allagui et Dhaouadi sur les côtés, devancés par Jemâa, et soutenus par Chedly, voire le relayeur Traoui… ce fut un bon choix à notre avis. Et quand on sait que derrière, les côtés étaient occupés par les offensifs Boussaidi et Chemmam, on ne pouvait qu’être optimiste.
Mais entre la composition du onze de départ, et la réalité du terrain, la différence nous a souvent échappé. Ce n’est pas la première fois qu’on transcrive cette idée, et ce ne sera pas la dernière : sans esprit de conquérant, sans véritable volonté à jouer haut et dans la zone adverse, l’objectif, celui de menacer l’adversaire dans sa zone, et d’y être dangereux, ne sera jamais atteint.
Certains diront que nous n’en avons pas les moyens. Je ne suis pas d’accord. Nous avons les moyens et techniques et physiques pour le faire. Restent les ressources mentales, c’est là où bât le blesse à notre avis. Le match était-il préparé pour une victoire, que dis-je, pour une prestation digne d’une équipe qui veut se racheter et se qualifier à la phase finale de la CAN 2012 ? Non !
Le score s’affichait sur le haut de l’écran, un 0-0 éliminatoire, et pourtant… ce fut le Malawi qui attaquait. Ce sont eux qui cherchaient le but, pas les Aigles de Carthage. Pourtant la stratégie qu’on devait adopter est claire, jouer le pressing haut dans la zone adverse et faire remonter tout le bloc défensif, ce qui nous permettra en premier lieu d’éloigner l’attaque malawienne, et en second lieu de s’approcher de leur défense et de la menacer. Ce fut le contraire qui se produisit. Et à part le tir de loin échoué sur la transversale, un véritable exploit de Issam Jemâa vue la distance et l’angle de tir, ce fut le néant côté tunisien, alors que de l’autre côté, le Malawi arrivait à créer le danger, et à menacer la cage de l’excellent (heureusement qu’il l’était) Mathlouli.
La deuxième mi-temps : une entrée en force, pour une fin bafouée par le sélectionneur
Les Aigles de Carthage ont bien débuté cette deuxième période. Tout le bloc est monté, Chedly a été plus disponible au milieu, prenant ses responsabilités de régisseur, et l’excellent Allagui, très actif sur son côté gauche, a essayé à maintes reprises de piquer vers l’axe, balle aux pieds, et de tirer vers la cage. L’un de ses tirs cadrés a d’ailleurs touché le poteau gauche du gardien malawien. Les déceptions sont par contre venues de Jemâa et de Dhaouadi, moins présents que d’habitude.
Aux 25 dernières minutes, le score était toujours nul. Il fallait presser encore plus. Sami Trabelsi l’avait compris, il a donc voulu pousser encore plus ses poulains, en apportant son grain de sel à la formation tunisienne. Dhaouadi est alors remplacé par Chehoudi ! Allagui par Chermiti !!!
Il est vrai que Dhaouadi n’a pas été percutant, mais ce n’est pas non plus Chehoudi, un attaquant de formation placé sur le côté droit, qui allait apporter la solution. Au moins Dhaouadi, une valeur confirmée, et n’ayant pas d’équivalent sur le banc, pouvait à n’importe quel moment du match faire LE geste de la différence.
Ne parlons pas du deuxième changement, qui à notre avis, avait scellé définitivement le sort du match. Allagui, le meilleur côté tunisien, cédant sa place à Chermiti, un avant centre de prédilection, à qui on demande d’animer le couloir gauche. Ce fut aberrant !
Au lieu d’accélérer et de presser encore plus en cette fin de match, l’EN s’est retrouvée dépaysée, perdue sur le terrain, avec des attaquants isolés, des milieux qui ne trouvent plus de solutions devant et qui se font subtiliser le ballon rapidement, et une défense qui subit et qui recule, faisant reculer toute l’équipe avec elle. Paradoxe et déception ont caractérisé cette fin de match : c’est le Malawi qui poussait, et c’est la Tunisie qui subissait. Eddy Maillet, qui a su tirer son épingle du jeu aujourd’hui, a même fermé les yeux sur un penalty évident pour les Malawiens. Ça aurait scellé notre sort mathématiquement.
Les balles arrêtées, une phas
e de jeu complètement ratée
Lorsque le fond de jeu prévu n’est pas là. Lorsqu’on se fait presser par l’adversaire dans nos propres zones, comme ce fut le cas en première période et en fin de match, alors que seule la victoire primait, il fallait au moins exploiter à fond les balles arrêtées obtenues.
L’EN a eu pas mal de balles arrêtées à exécuter. Malheureusement la plupart ratées. Dhaouadi et Chemmam n’ont même pas réussi à bien les botter, et servir les Jemal, Jemâa et surtout Hicheri, ayant un jeu de tête intéressant. L’on s’est même permis le luxe sur une balle arrêtée, obtenue sur le côté gauche de l’attaque tunisienne, de la jouer à deux pour qu’elle finisse coupée par la défense malawienne !!!
En conclusion…
Sami Trabelsi a certes pris les rênes de l’équipe dans une situation ultra-délicate. Il a certes composé aujourd’hui avec une formation diminuée de trois éléments des plus importants. Le terrain synthétique nous a certes fait mal, et l’on s’est tous rendu compte de ce ballon qui fuyait nos joueurs. Mais si certitude il y a, aussi, c’est que le jeune coach, en qui personnellement j’avais une totale confiance, ce jeune entraineur humble et prometteur a tout simplement foiré sa fin de match, ou plus exactement, les 25 minutes les plus importantes qu’il a eus à gérer depuis sa venue à la tête de l’EN. Dommage pour Sami Trabelsi ! Dommage pour la Tunisie !