Décidément, la défaite des Sang et Or contre Al Sadd (Qatar) n’a pas été digérée par le groupe espérantiste. L’amertume est restée intacte à travers la gorge. On l’a bien senti dès le coup d’envoi de ce match de classement. Aucune envie de rachat. Aucune illusion de volonté ou de hargne. Ni les têtes, ni les jambes n’étaient là pour répondre aux aztèques. Même l’ouverture du score n’a pas eu un effet de réveil sur le groupe. Bien au contraire, on a vécu une désintégration totale de l’équipe. Une défense déchiquetée avec un Coulibaly pris systématiquement de vitesse, un Chammam statique et une charnière qui prend l’eau à chaque centrage. Un milieu où, seulement, Mouelhi a joué à fond. Les Bouazzi, Afful et Traoui étaient à côté. Même Msakni était en dents de scie avec une tête bien basse. La seule satisfaction fut Ndjeng. Un brave homme. Mais l’hirondelle ne fait pas le printemps. Un sentiment de culpabilité envers ce public phénoménal ? Loin de là. Même pas une réaction d’amour propre. C’était à se demander : est-ce les mêmes joueurs qu’on a vu au Caire ou à Casa ? Cela ressemblait, plutôt, à des zombies qui erraient sur le terrain trainant le lourd tribu de la première défaite. Comme si la terre s’est arrêtée de tourner après ce maudit quart de finale. C’est, qu’au fond d’eux mêmes, les joueurs sentent avoir raté l’occasion de leur vie de briller de mille feux. Alors, le reste importait peu pour la plupart d’entre eux. Hélas, ils ont oublié, le laps d’un match, qu’ils portent les couleurs du champion d’Afrique et que leur club avait une réputation de bon gagneur – bon perdant à défendre. A ce niveau là c’est inexcusable.
Il faut le dire d’emblée, le staff technique n’est pas moins coupable que ses joueurs. Il n’a pas su passer le message qu’il fallait. Celui de l’obligation du rachat. Celui d’avoir la tête bien haute même après une défaite amère. Celui d’être encore plus solidaires dans les défaites que dans les victoires. Il n’a pas su, en plus, apporter les correctifs aux carences apparues lors de la première sortie mondialiste. Et là, on est en mesure de se poser les questions évidentes qui se trament dans les esprits des supporters :
1- pourquoi s’être privé de Korbi en faveur d’un Traoui hors forme et en manque de rythme ?
2- pourquoi avoir reconduit la même défense que le premier match alors qu’elle s’est, déjà, montrée bien fébrile ?
3- pourquoi avoir gardé le même module tactique (4-2-3-1) en se privant de Darragi et en sacrifiant Afful en milieu de terrain ?
4- Pourquoi avoir gardé Bouazzi pendant 30 minutes supplémentaires alors qu’il était transparent et dans la construction et dans la couverture sur Coulibaly ?
Beaucoup d’autres questions seront posées lorsqu’on dressera un bilan de tout le passage de Maâloul à la tête de l’Espérance un an après. Mais là, on a besoin de remonter le moral de tout le monde. A commencer par nous mêmes. Nous sommes, certes, tous dépités par cette tournure de notre première aventure mondialiste. Surtout que nos espoirs étaient grands. Et là, l’on peut, quand même, se demander, n’avons nous pas mis une barre d’attente très haute pour un groupe aussi jeune ? N’avons nous pas accentué la pression sur les joueurs en ayant, déjà, extrapolé nos plans sur la virtuelle confrontation contre le FC Barcelone au point d’en avoir fait une obsession collective ? Peut-être que oui. Fort probablement même. Car nous avons oublié que le niveau dans lequel nous opérons (national ou continental) est, de loin, inférieur à ceux de nos adversaires (Qataris compris) qui jouent beaucoup plus que nous les joutes mondiales.
L’heure n’est pas aux lamentations mais à la reprise. Des échéances importantes nous attendent et il faut s’y mettre rapidement. Entre temps, il faut faire une analyse profonde et bien ficelée pour déterminer les carences qui nous empêchent d’atteindre ce palier mondialiste avant de pouvoir y apporter les remèdes nécessaires. Nous avons un groupe valeureux qui a besoin d’être consolidé avec du sang neuf et qui a besoin d’être soutenu inconditionnellement pour pouvoir continuer sur le chemin de l’excellence. Il faut encore des efforts pour bien mettre en place une machine perfectionniste. Mais, avec le concours de tout le monde, on y arrivera plus rapidement.
A bon entendeur…