Décidément, la Tunisie n’arrive pas à passer le stade des 1/4 de finale d’une 3e CAN d’affilée. En effet, après une élimination contre le Nigeria aux tirs au but en 2006 alors que le score était de 1-1 au terme des prolongations, puis une autre face au Cameroun, en 2008, sur le score de (3-2) encore après prolongations, les aigles de Carthage ont encore une fois connu, ce dimanche 05 février à Franceville, une nouvelle élimination à ce même stade de la compétition avec, cette fois-ci, le Ghana comme adversaire sur le score de (2-1) après prolongations.
Pourtant les Black stars n’étaient pas un foudre de guerre durant cette rencontre que les tunisiens, bien que menés au score par le biais de Mensah dès la 10e minute, ont pourtant bien négociée réussissant à revenir au score par Khelifa à la 42e minute puis menant la vie dure aux ghanéens durant la majeure partie de la 2e période. Mais la 101e minute fut fatidique pour les coéquipiers de l’intenable Msakni, lorsque Mathlouthi, jusqu’à là irréprochable, relâcha un ballon aérien pourtant facile dont profita André Ayew pour placer le cuir dans des filets tunisiens désormais vides.
Les deux visages tunisiens
Que peut-on retenir de cette rencontre au sommet des 1/4 de finale de cette CAN 2012 ? A vrai dire, beaucoup de regrets. D’abord parce que l’entame du match n’était pas celle d’une rencontre bien préparée. Nous assistions, 30 minutes durant, à une équipe tunisienne abusant des longs ballons à destination de Khelifa esseulé. Et qui plus est, ne bénéficiait d’aucun soutien dans la mesure où les deuxièmes balles ne trouvaient aucun preneur du côté des aigles de Carthage. Au grand bonheur des Black stars qui les récupéraient avec quiétude pour repartir inquiéter l’arrière garde tunisienne quoique sans danger réel. Le but ghanéen, inscrit sur un corner repris de la tête par le capitaine Mensah, dépeignait une étrange passivité tunisienne sur les balles arrêtées. Il était clair que les aigles de Carthage n’étaient pas rentrés dans le match malgré des qualités certaines reconnues chez le onze rentrant choisi par Sami Trabelsi. Ce n’est que lors des quinze dernières minutes de la première période que Msakni et consorts ont pointé le bout du nez pour aller inquiéter Adam Kwarasay et finir par rétablir l’équilibre au terme d’une action collective achevée impérialement par Khelifa d’un heading rageur.
La 2e mi-temps fut encore meilleure du côté tunisien. Un collectif bien plus réfléchi fait d’échanges fluides de droite à gauche, où Chammem, auteur d’une sortie honorable, monta plus d’une fois pour créer le surnombre en attaque. Sentant le coup jouable, Sami Trabelsi sacrifia Saïhi, peu inspiré malgré une énorme volonté, et lança Jemaâ aux côtés de Khelifa pour donner plus de profondeur à la manœuvre tunisienne. Les aigles de Carthage tenaient mieux le ballon que les ghanéens, repliés en défense et lançant, par à coups, de longues diagonales vers Gyan étouffé par Hagui et Abdennour. La domination tunisienne pouvait être récompensée si Msakni avait eu la réussite sur un ballon légèrement détourné passant de peu à côté du poteau droit de Kwarasay.
Les 90 minutes n’auront pas livré de vainqueur, mais les aigles de Carthage tenaient bien les rênes du match au cours duquel les ghanéens ne brillaient quelques fois que par des prouesses individuelles par l’intermédiaire de Gyan, Asamoah ou de Badu.
La bourde de Mathlouthi
Les prolongations furent un remake de la 2e période. Ce sont les tunisiens qui prennent l’initiative face à une formation ghanéenne recroquevillée en défense et adoptant un jeu sur contres par le biais de Jordan Ayew, qui a suppléé Muntari effacé. De son côté, Boussaïdi prit la place de Iffa blessé (82′). Le match était nettement en faveur des aigles de Carthage qui multipliaient les tentatives. Mais l’on sentait que les essais de Msakni, Dhaouadi et Khelifa manquaient de mordant. Même si Jemâa s’est vu refuser un but pour hors-jeu bien évident. C’est que Vorsah, Inkoom et Boye se relayaient sur Youssef, usant d’une agressivité hors limites sous l’œil complaisant de l’arbitre.
Et c’est contre toute attente que sur un centre anodin, pourtant en direction de la sortie de but, que Mathlouthi voulant capter le ballon finit par le relâcher dans les pieds d’André Ayew qui ne se fit pas prier pour inscrire le but victorieux du Ghana (101′).
La rentrée de Darragi à la place de Dhaouadi, que nous estimons encore une fois tardive (105′), a quelque peu revigoré l’attaque tunisienne. Mais en vain. La fatigue, conjuguée à un sentiment de frustration furent fatales au team Tunisie. En témoigne ce coup de coude, sans raison, de Abdennour sur André Ayew lui ayant coûté l’expulsion. Trabelsi a encore une fois raté l’occasion de donner sa chance à Oussama qui aurait pu constituer une solution salutaire au club Tunisie. Mais ce fut trop peu pour espérer revenir au score dans un match où les tunisiens, malgré une bonne prestation, ont connu un injuste sort. Encore une fois, dans la même configuration que les éditions de 2006 et 2008, la Tunisie ne pouvait pas sceller le sort d’un match qu’elle tenait entre les mains. Mais, somme toutes, la Tunisie a gagné un projet d’équipe avec son match de référence.
Synopsis
CAN 2012
Stade de Franceville
1/4 de finale : Ghana-Tunisie (2-1)
Buts de Khelifa (42′) pour la Tunisie, Mensah (10′) et A.Ayew (101′) pour le Ghana
Formation des équipes
Tunisie: Mathlouthi- Iffa ( Boussaïdi)- Chammem- Hagui- Abdennour- Ragued- Traoui- Saïhi (Jemâa)- Msakni- Dhaouadi (Darragi)- Khelifa
Ghana: Kwarasay- Mensah (Vorsah)- Boye- Inkoom- Masahudu- Muntari (Ayew.J)- Ayew.A- Annan- Badu- Gyan- K.Asamoah
Joueurs avertis :
Tunisie: Hagui
Ghana : Boye- Badu- Annan
Expulsion : Abdennour (Tunisie) à la 109′
Arbitre : Alioum Néant (Cameroun)