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C’était le 20 novembre 1994 : EST 4-0 CA | دربي الهربة

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Le 20 novembre 1994 restera un jour inoubliable dans la mémoire de tous les supporters de l’Espérance Sportive de Tunis (EST). Ce jour là, notre équipe a battu son éternel rival du Club Africain (CA) par le score de 4-0. Certes, il ne s’agit pas de la seule victoire sur ce score, mais la particularité de ce match réside plutôt dans un fait inédit dans l’histoire du football tunisien, à savoir que l’équipe de Bab Jedid, de peur de subir une plus lourde défaite, a forcé l’arrêt de la rencontre et a quitté le terrain à la 72′ du match. Plus de vingt ans plus tard, nous avons choisi de vous rafraîchir la mémoire et d’évoquer avec vous les faits marquants de cette rencontre historique.

Il faut dire que le début du match était équilibré. Les clubistes ont même pris l’initiative par Adel Sellimi qui a tiré à côté du poteau. Sabri Bouhali, quant à lui, a raté un tête à tête face à Chokri El Ouaer. Mais dès la 11′, la rencontre a pris un tournant décisif avec l’ouverture du score du côté Sang et Or : Ayadi Hamrouni exécute un coup-franc bien précis en direction de la tête de feu Hedi Berrkhissa, alias Balha, qui met le ballon dans les filets d’Adel Hammami, médusé.

Après ce but, les Rouge et Blanc ont bien essayé de revenir à la marque, mais les coéquipiers d’Ali Ben Néji étaient dans un grand jour et ce, malgré l’absence de leur buteur, le Zambien Kenneth Malitoli. Jusqu’à la 45′, tout était encore possible et la première mi-temps tirait presqu’à sa fin, lorsque Tarek Thabet reçoit un ballon difficile à exploiter et malgré sa blessure contractée à la veille du match, il arrive à créer le danger en dribblant trois défenseurs adverses en ligne : Houssem Hadj Ali, Lotfi Mhaissi et Mehrez Ben Ali. Il passe ensuite le ballon à Sirajeddine Chihi qui, à son tour, sert Hamrouni, lequel ne trouve aucune peine à mettre le cuir dans les filets de Hammami, stupéfait par ce qui vient de se passer.

Dans la foulée, Ben Ali se fait exclure du terrain par l’arbitre du jour, Fathi Boussetta, suite à une agression sur Abdelkader Belhassen, qui revenait pour célébrer le but avec ses coéquipiers. Le capitaine clubiste, Samir Sellimi, a dû alors protester d’une manière véhémente et vulgaire contre l’arbitre, ce qui lui a valu à son tour un autre carton rouge. C’était la consternation dans le camp Rouge et Blanc au moment de rejoindre les vestiaires à la mi-temps.

En seconde période, les coéquipiers de Sami Nasri sont restés dans leur zone, craignant de concéder d’autres buts. L’Espérance, quant à elle, continuait sa domination et les joueurs de Faouzi Benzarti, alors entraîneur des Sang et Or également, se régalaient sur le terrain, produisant un football bien spectaculaire. À la 53′, après une première tentative du Nigérian Garba Lawal, feu Balha ajoute le troisième but, son second personnel, d’une frappe du pied gauche dans un angle très difficile pour le gardien clubiste. Dès lors, les joueurs clubistes, outrancièrement dominés par la furia Sang et Or, ne savaient plus où se donner la tête, perdant tous leurs repères sur le terrain. Ils ont dû tenir jusqu’à la 65′, lorsque Thabet, sur une de ses accélérations dont il avait seul le secret, s’est chargé d’ajouter le quatrième but. Affolés de nouveau par l’ampleur du score, sans avoir de remède pour arrêter l’hémorragie, Mhaïssi, le cœur vaillant des clubistes d’alors, a fini par succomber, en commettant une agression sur Hamrouni lui valant une énième expulsion dans sa carrière fort mouvementée.

À partir de ce moment, le staff technique et administratif du Club Africain, menés par le légendaire Sadok Sassi, alias Attouga, sur le banc, ne pensait plus qu’à éviter la raclée historique qui se dessinait, faisant entrer deux inconnus, Mohamed Hamrouni et Adel Belkhir, qui ont clairement tout fait pour chercher l’expulsion, synonyme d’arrêt de match selon les règlements, encore en vigueur aujourd’hui, puisqu’une équipe ne peut poursuivre la partie amoindrie de plus que trois joueurs expulsés. Le Hamrouni Rouge et Blanc a fini par atteindre son objectif et a reçu deux avertissements en quelques minutes de jeu, synonyme d’exclusion. Ce fut alors une première dans l’histoire du football tunisien : le match est arrêté à la 72′ !

Formation de l’Espérance : Chokri El Ouaer, Tarek Thabet (Moez Chefaï), Hedi Berrkhissa, Mohamed Ali Mahjoubi, Taoufik Hicheri, Ali Ben Néji (Gabi Mbazila), Sirajeddine Chichi, Haythem Abid, Abdelkader Belhassen, Ayadi Hamrouni et Garba Lawal.

Formation du Club Africain : Adel Hammemi, Lassâad Lahnini, Houssem Hadj Ali, Lotfi Mhaïssi, Mehrez Ben Ali, Samir Sellimi, Sami Nasri (Mohamed Hamrouni), Mohamed Torkhani (Adel Belkhir), Adel Sellimi, Sabri Bouhali et Wassiou.

Les à côtés :

• Pour la première fois dans les annales du football tunisien sous la direction de la Fédération Tunisienne de Football, une équipe ne termine pas la rencontre entamée – à ne pas confondre avec un match arrêté pour d’autres considérations -.

• Après le troisième but, les tifosi Sang et Or ont commencé à chanter  » Jibou Ancora » – Faites venir Ancora -, en référence au joueur italien recruté par les clubistes et présenté comme la nouvelle star du foot tunisien, avant de s’avérer plus tard une véritable arnaque.

• En rentrant aux vestiaires après la fin de la rencontre décimée de 18′, Sabri Bouhali a levé ses bras en signe de victoire envers les supporters Sang et Or. Un geste qui a provoqué l’étonnement de tous les présents au stade pour un joueur qui venait tout juste de participer à la pire humiliation dans l’histoire du foot tunisien, si ce n’est l’histoire des derbys dans le monde.

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