Le rideau vient de tomber sur la saison 2019-2020. C’était le 27 septembre 2020 à l’occasion de la finale de Coupe de Tunisie Habib Bourguiba où l’espérance Sportive de Tunis (EST) avait raté de joindre Dame Coupe au championnat. Cette clôture tardive représente non seulement une exception, mais en plus un exploit, vu la situation rocambolesque du virus Covid19 qui a chamboulé la vie à toute la planète; la Tunisie et le sport n’en font pas exception.
À ce propos, sont tombées des nouvelles quant à la contraction du Covid19 par une partie du staff et des joueurs Sang et Or à qui nous souhaitons un prompt rétablissement … loin de toute panique indue suite à la propagande saugrenue orchestrée mondialement et ce, sans pour autant minimiser l’impact du Covid19 sur la partie vulnérable de la population âgée, malade et dont le système immunitaire est déjà affaibli. Il y a plein d’autres maladies et phénomènes de société qui tuent bien plus de Tunisiens, de tous âges même, visiblement oubliés dans ce brouhaha grotesque. Mais ce n’est pas le propos de ce billet.
Quel bilan pouvons-nous tirer de cette longue et spéciale saison? Mieux, quelles leçons, les plus importantes, pouvons-nous en tirer pour aller de l’avant avec des espérances légitimes pour un avenir meilleur, répondant aux ambitions les plus « réalistes » possibles?
Nous allons aborder le sujet en deux parties afin d’éviter à nos lecteurs des longueurs … peu bienvenues dans les temps qui courent. Cette première partie sera consacrée au bilan des actifs et passifs de la saison, aussi bien au niveau de la gestion technique de l’équipe fanion de l’Espérance qu’au niveau de la direction du club. Suivra ensuite une analyse relativement détaillées des causes que nous pensons fondamentales à rectifier pour aborder la ou les saisons prochaines sous de meilleurs auspices, avec à la clé des recommandations pour rester dans le concret.
LES POINTS POSITIFS
D’abord pour un club qui se respecte, les titres. Les protégés de Chaabani ont gagné haut la main le championnat de Tunisie de Ligue 1, avec la meilleure attaque avec quarante-deux (42) réalisations, dont sept (7) contre la Jeunesse Sportive Kairouanaise (JSK), et la meilleure défense de l’exercice avec seulement douze (12) buts encaissés.
C’est la dixième (10è) performance du genre dans l’histoire du club après les saisons finissant en 1942, 1982, 1993, 1994, 1998, 2011, 2012, 2014 et 2017.Ils ont également ramené au Parc B dans la foulée le titre de la Super Coupe de Tunisie (le cinquième dans l’histoire du club après celles de 1960, 1994, 2001 et 2019), remporté face au Club Sportif Sfaxien (CSS) aux tirs au but (0-0 – 5-4 TAB).
Une mince récolte diront certains, mais nous n’allons tout de même pas minimiser la réussite du groupe à aligner une saison sans la moindre défaite (la quatrième fois dans l’histoire du club après les saisons terminées en 1942, 1999, 2000), faut-il le rappeler, en championnat, dont la symbolique prend encore plus une autre dimension avec une troisième étoile ajoutée sur l’écusson pour célébrer le 30è titre de l’histoire du club.
Sur le plan du jeu, nous avons vu un groupe qui a sorti quelques belles copies également, nous pensons aux matchs contre le Raja AC (Maroc) à Casa (0-2) en Ligue des Champions africaine (CAF CL), le match contre le CSS à Sfax (0-2), le Clasico (1-0) l’Étoile Sportive du Sahel (ESS) et le derby (2-1) contre le Club Africain (CA), tous concordant avec la phase aller du championnat et ce, sans oublier l’éclatante victoire (7-2) en Coupe du monde des clubs (CMC) face aux hôtes d’Al-Sadd SC (Qatar) notamment.
Côté club, le point positif provient des recrutements. À saluer les efforts déployés par la direction afin de s’octroyer les services de joueurs algériens, surtout, pétris de talent, à l’instar des Bedrane, Benguit, Chetti, Bensaha, puis plus tard Meziane, lesquels rajoutés au Libyen El Houni, ne comptent plus désormais parmi le quota des étrangers en Ligue 1 (nouvelle règlementation).
Cela a certainement aidé l’équipe à colmater les départs de joueurs aguerris, double champions d’Afrique de surcroît, tels que les Belaïli et Kom, sans oublier les Bguir, Ben Mohamed et Chaalali, auxquels s’est rejoint Badri plus tard, tous des internationaux tunisiens du reste.Avec tant de changements, le groupe est demeuré tout de même compétitif et relativement performant, ce qui est loin d’être une mince affaire si l’on prend le temps de comparer avec ce qui se passe même dans les meilleurs clubs au monde. En Tunisie, n’en parlons pas!
LES INSUFFISANCES
Côté titres
Quand bien même la CMC n’était pas … nécessairement dans le viseur, la défaite contre Al-Hilal SFC (Arabie Saoudite) au premier match a été très malvenue. Nous ne reviendrons pas sur l’appréciation de l’approche générale de l’évènement, vu qu’un article tout entier a été déjà publié à cet effet. (NDLR : « CMC 2019, redescendre sur terre»).
Par contre, sur les six (6) titres en jeu que le club de Bab Souika aspirait de remporter avec des chances intactes, voire même en un des prétendants favoris, quatre (4) ont été loupés … ou presque, dans la mesure où l’édition 2020 de la CAF CL a été tout simplement suspendue pour cause de Covid19, après l’élimination (1-3 / 1-0) en quarts de finale contre le Zamalek SC (Égypte).
Et c’est d’ailleurs le même club cairote qui a défait (3-1) les Sang et Or quelque temps avant en Super Coupe d’Afrique (CAF SC) jouée au Qatar (il s’agit de la quatrième défaite dans l’histoire du club dans la dite joute, après celles de 1999, 2012 et 2019, dont trois en tant que champion d’Afrique [SIC!]).Au préalable, il y avait également une autre élimination (1-1 [A] / 1-1 – 2-4 TAB [R]) fort amère et prématurée, cette fois en huitième (1/8) Ligue des Champions arabes (CLA) face à un ensemble loin de représenter un foudre de guerre, l’OC Safi (Maroc), à laquelle un long article a été également consacré (NDLR : « Leçons à tirer d’une élimination prématurée »).
Et pour ponctuer le tout, les poulains de Chaabani ont abdiqué (2-0) face à l’US Monastirienne (USMo) en finale de Coupe de Tunisie, alors que les Bleus et Blanc ont pu évoluer dans leur fief, le stade Ben Jannet, pour une première historique aussi avec leur consécration. Rappelons qu’il s’agit de la dixième (10è) finale perdue dans l’histoire du club après celles des saisons se terminant en 1937, 1945, 1947, 1959, 1969, 1971, 1976, 2004 et 2005.
Il s’agit également du quatrième doublé coupe-championnat loupé suite à une défaite en finale, après ceux de 1959, 1971 (championnat usurpé dans la foulée) et 2004. Rappelons que les cinq (5) doublés réalisés par l’Espérance au cours de son histoire sont survenus suite à des victoires finales, trois (3) fois aux dépens du CA (1989, 1999 et 2006) et deux (2) fois contre l’ESS (1991 et 2011).
Ce qu’il y a de commun entre toutes ces défaites, éliminations ou objectifs ratés?
La gestion de l’arbitrage
Quand bien même nous l’abordons en premier, ce n’est pas pour autant dispenser le groupe et le staff technique de leurs manquements, voire de reléguer ces derniers à un rôle secondaire, loin de là. Il est par contre curieux de voir l’arbitrage systématiquement décisif de manière flagrante au profit des adversaires (« Toute la Tunisie le sait » comme diraient les « antis »), à l’exception de la CMC.
Ce qui est sidérant ce ne sont pas tant les erreurs récurrentes et clairement de mauvaise foi commises par les différents arbitres, assistants et même ceux postés derrière les reprises vidéo (VAR), mais bien plus grave l’acceptation du club et par suite des joueurs, surtout, sur le terrain de cette réalité ou, dirions-nous, de cette fatalité. Inconcevable, inadmissible, limite … non professionnel!
Et il est bien temps que ça arrête de jouer à l’autruche au niveau du club et de prendre ses responsabilités en main, sur le terrain avant tout. Un gagneur … et c’est là tout le nœud de la problématique, ne se laisse jamais, mais alors là jamais, marcher sur les pieds avec autant de nonchalance. Sans nommer d’autres équipes, mais nous demeurons persuadés que, côtés technico-tactiques étant égaux par ailleurs, certaines équipes n’auront perdu tout au plus qu’une bataille parmi les quatre … et nous sommes larges dans l’appréciation. Ceci dit, nous sommes également loin de vouloir favoriser la culture de la pleurniche et de la triche propre à nos adversaires, voire de la bêtise, comme ça s’est vu contre le Zamalek au Caire (nous saluons l’idée, en condamnant la manière).
D’ailleurs, il y a une frange de supporters qui n’aide pas le club à évoluer dans ce chapitre. Les réflexions sur les réseaux sociaux représentent, et pas qu’à ce sujet, une mine d’or en la matière. On y a va des « arrêtons de parler de l’arbitre, on est l’Espérance après tout et on ne va pas faire comme les autres, à savoir pleurnicher. » où on peut admirer le déni de la réalité, voire la confusion criarde entre pleurnicher et demander son dû, à des banalisations à la « cela fait partie du jeu », incolores et inodores qu’on n’écoute que de la part des « antis» dans des émissions radiophoniques ou télévisuelles pour commenter des fautes grotesques à l’encontre de l’Espérance … bien sûr, en sortant tout leur folklore dès qu’il s’agit d’une minime erreur au profit des Sang et Or, sinon avec des « marquons et après on discutera du reste » comme si être dans un mauvais jour devait sanctionner l’Espérance … et rien qu’elle!
Et les parcours voire prestations?
Ce qu’il faut retenir par contre au bout de cette saison, c’est la déception quasi-totale aussi bien dans la plupart des grands rendez-vous, à quelques exceptions près (voir « Le points positifs » plus haut), que dans le parcours en général. Particulièrement ratée a été la partie post-Covid19 aussi bien en championnat, pourtant remporté, qu’en Coupe.
Ceci dit, l’équipe a alterné le bon et surtout le moins bon tout le long de la saison, même si la dernière partie a causé au niveau du psychique Sang et Or plus de dégâts. Il y a eu à notre avis une série d’erreurs commises à plusieurs niveaux, que ce soit au niveau de la conception et la réalisation de l’effectif mis à la disposition de Chaâbani, la gestion et les choix faits par ce dernier (et son staff) aussi bien dans les stratégies de jeu adoptées que dans les choix des acteurs, lesquels, demeurent autant responsables de leurs piètres prestations en la confiance placée en eux.
Nous y reviendrons justement avec plus de détails.
K.Bamri et M. Gara