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La Presse | Souayah, objet de critiques : Le sentiment du devoir accompli

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L’Espérance offre aujourd’hui, à la fois, un côté jardin qui commence à fleurir et un côté cour qui baigne dans le noir. Ici et là, Souayah assume toujours ses responsabilités avec le sentiment du devoir accompli.
Qu’on apprécie ou pas son travail, Ammar Souayah laisse rarement indifférent. Les supporters, avertis ou ignorants, ont ce droit inutile et il y a forcément matière à discussion avec tout ce qu’il entreprend depuis son arrivée à l’Espérance. Mais partisan ou adversaire, on ne peut que lui accorder le mérite d’avoir tenté d’intégrer dans sa manière de travailler et de procéder, dans ses approches et ses théories, une synthèse des acquis de toute une carrière. Juger, c’est ce qu’on aime le plus dans le football, mais que tout l’entourage du club perde sa lucidité au moment d’analyser les prestations de l’équipe est incompréhensible.
Ceux qui ont allumé l’étincelle autour de Souayah, entretiennent sa flamme. Ce qui le pousse aujourd’hui à arrêter de donner des explications car, au final, les gens comprennent seulement ce qu’ils veulent comprendre. A l’inverse, il continue toujours à agir en passionné, c’est-à-dire en aimant son équipe et en se sentant concerné par toutes ses dimensions.
Si la rumeur de son éventuel limogeage est sans fondement et carrément exagérée, son rôle n’est pas de s’en sentir concerné. Il peut être, certes, l’objet des critiques de tout genre et dont le sens ne laisse pas souvent de place au discernement et à la clairvoyance, sans qu’il soit pour autant envahi par le doute et l’indécision.
Dans le même temps, il y a des signes sur lesquels il faut attirer l’attention. D’abord, l’Espérance est une équipe faite pour ne pas seulement chercher les victoires, mais aussi et surtout pour les créer. Pareille vocation n’est pas seulement l’apanage de l’entraîneur, mais aussi et surtout des joueurs dont certains sont les maîtres de céans sur le terrain.
Ensuite, on est dans un monde où le savoir et la compétence de l’entraîneur sont générés pour gagner des matches et durer, alors qu’en réalité il a plutôt besoin de faire du jeu et de l’épanouissement des joueurs un objet de la pensée. Enfin, la reconversion du jeu telle qu’elle est revendiquée par l’entraîneur espérantiste devait se traduire par de nouvelles façons d’être, de faire et de penser. Il faut insister, à ce propos, sur la variété des configurations techniques dans lesquelles sont pris les joueurs. Si, pour certains, il est urgent de « changer pour tout changer », pour d’autres, le changement rime avec rupture.
Oser changer de tactique, trouver la voie, Souayah s’est attelé, en dépit de tout ce qui a été dit et répété sur sa manière de gérer l’effectif, à défendre une approche centrée sur des trajectoires essentiellement collectives. Son objectif s’inscrit dan un processus destiné à favoriser les meilleures conditions émergentes de jeu. Cette approche suppose que l’équipe ne doit pas rester à la seule sphère du jeu ordinaire et passif, mais de comprendre le sens du changement au regard des nouvelles contraintes et obligations de jeu.

Chaque match est une épreuve, un parcours
Pour sa deuxième année à l’EST, les objectifs pour lesquels Souayah s’est complètement investi ne sont pas encore atteints. Du moins en intégralité. Il reste certainement beaucoup de choses à faire au sein de l’équipe. L’EST, équipe d’attaque, serait-elle de moins en moins offensive? Il est vrai que la formule de jeu devient parfois suffocante malgré l’air agréable, que certains joueurs se bloquent et que l’inspiration est à inculquer.
S’il est conscient des défaillances que connaît encore son équipe, l’entraîneur ‘’sang et or’’ n’hésite pas à offrir un climat de travail rassurant pour les joueurs, et ce, dans le but de développer des méthodes de travail coopératif et complémentaire. Plus encore: rendre moins visibles les penchants de comparaison entre joueurs et éviter de susciter les jugements et les appréhensions de tout bord. Pour autant, il sait parfaitement que si le jeu offensif risque de ne pas apporter beaucoup de résultats, il en apportera sûrement les bons.
Il faut dire que certaines méthodes de jeu entrent en scène par une série d’approches qui ne devraient pas véhiculer des significations déjà acquises, mais qui sont une ouverture sur un jeu en devenir. La philosophie espérantiste devrait introduire en contexte footballistique des approches jusque-là interdites. Ses joueurs sont appelés faire une recomposition des priorités et des approches qui ne sont ni de l’offensive pure ni de la défense pure.
Souayah n’est pas censé non plus ignorer que ce n’est pas le jeu qui fait les victoires, mais c’est l’usage que l’on en fait. Il se fait ainsi l’idée que chaque match est à lui seul une épreuve, un parcours.
L’Espérance offre aujourd’hui à la fois un côté jardin qui commence à fleurir et un côté cour qui baigne dans le noir. Ici et là, Souayah assume toujours ses responsabilités avec le sentiment du devoir accompli. Et vous savez pourquoi? Parce qu’il n’attend rien de personne. Les attentes font toujours mal. Et puis, pour se faire des ennemis, pas la peine de déclarer la guerre, il suffit juste de dire ce que l’on pense.
Une chose est sûre: ce qui fait mal aujourd’hui rendra fort demain…

Auteur : Jalel Mestiri

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