EST : Au stade des certitudes
Un derby se prépare et se gagne techniquement et tactiquement. Mais il se gère aussi par la réflexion
La trajectoire particulièrement exigeante chez une équipe comme l’Espérance ne manque pas dans chaque rencontre et dans chaque épreuve de soulever une réelle prise de conscience et entraîner une mobilisation de tous les instants. Les joueurs espérantistes ne sont pas seulement confrontés à une obligation de résultat, mais aussi de jeu, voire de séduction et d’épanouissement sur le terrain.
Cette tendance constitue au fait une rareté dans la compétition nationale, surtout là où les joueurs d’exception et pouvant faire la différence se revendiquent en tant que tels. Là où ils deviennent capables d’illuminer un match en réalisant des prouesses à la fois techniques, physiques et mentales.
Face aux contraintes et aux obligations aussi bien de l’immédiat que du long terme, l’EST évolue souvent dans un contexte contraignant. Équipe à battre, elle se doit sans cesse de faire le maximum sans rien lâcher. La moindre défaillance est jugée par les observateurs comme un manquement. Parfois une dérive. Les circonstances atténuantes n’ont pas de place dans une équipe condamnée à gagner. Que dire alors quand il s’agit d’un derby, comme celui de demain face au Club Africain, et dont le résultat prime sur toute autre considération.
Il faut dire que si ce genre de match se prépare et se gagne techniquement et tactiquement, il se gère aussi par la réflexion. L’EST a pris l’habitude de se prêter dans ce genre d’épreuve au forcing de tout genre, entraînant la quasi-totalité de ses joueurs dans un surpassement d’effort qui dépasse les bornes. Il s’agit d’un surpassement institutionnel qui récompense les joueurs et les équipes dotés réellement d’un pouvoir magique. Et si l’on croit aux traditions et aux habitudes, le derby ne saurait encore une fois se démarquer de cette tendance à échapper aux choses ordinaires.
C’est incontestablement une option irrévocable dans la mesure où tout ce que les joueurs «sang et or» sont censés entreprendre dans ce genre de match est destiné à valoriser le jeu et le comportement de l’équipe. Il faut dire que les moyens ne manquent pas, les arguments et les formules de jeu aussi et surtout. Il convient à cet effet de retenir tous les efforts déployés dans ce sens. Des efforts qui ne manquent pas d’impliquer, et surtout de mobiliser les différentes parties prenantes. Sur le terrain et dans les bureaux. Avec en tête de file Hamdi Meddeb et Ammar Souayah.
Il y a au fait tout un grand projet initié par des personnes averties et qui tourne autour de l’avenir de l’équipe et de ses exigences de demain. L’on n’insistera jamais assez sur les réformes déclenchées pour valoriser le jeu de l’équipe et tout ce qui s’ensuit, ainsi que cette détermination à offrir aux joueurs les meilleures conditions d’épanouissement. Certains y sont déjà prêts, comme ils ne cessent de le laisser entrevoir. D’autres suivront, mais le plus important est que la route soit bien tracée et que ceux qui aspirent à ce genre de parcours aient vraiment la conviction nécessaire pour aller jusqu’au bout avec tout ce que cela comporte d’effort, de don de soi et de volonté débordante.
Le fait est là : l’EST sait être efficace, elle sait gagner aux points, ou aussi par K.-O. Face à tant de contraintes, elle s’était déjà promis de rester tout en haut. Elle y croit à fond. Ses joueurs ne s’imaginent pas en effet en train d’échouer. Les moments difficiles par lesquels elle est passée lui donnent l’envie de se surpasser. Il paraît qu’à un stade de la compétition, au moment de «la crise des démons», certaines équipes se renouvellent et se régénèrent…
Auteur : Jalel Mestiri